1. |
Ford
04:48
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En 1875, pour son douzième anniversaire, le jeune Henry Ford reçoit en cadeau de son père une montre. Henry la démonte, la remonte, la démonte et la remonte encore. Ce sera la naissance d’une passion pour la mécanique qui le conduira à construire son premier moteur à vapeur à l’âge de 15 ans, et éventuellement la voiture qui le rendra riche et célèbre : la Ford T.
En 1917, Ford Industries commence la construction du complexe de rivière Rouge à Dearborn, Michigan. Le plus important complexe industriel au monde : 2,4 kilomètres de long par 1,6 kilomètre de large, sa propre centrale électrique, son propre port sur la rivière Rouge, 160 kilomètres de rails... Le complexe emploie plus de 100 000 hommes, le travail est organisé de façon minutieuse, chaque geste est réglé au quart de tour comme la mécanique des montres.
Les employés sont biens payés, logés dans des maisons de banlieue alignées avec tous les conforts modernes.
L’usine produit 4 voitures chaque minute, 240 voitures de l’heure, 6000 Ford par jour.
Le cœur de l’industrie américaine, c’est Détroit. Et le cœur de Détroit, c’est Ford.
En Octobre 1929, le président Hoover vient à Dearborn, Michigan, pour l’inauguration du Musée de la vie américaine que Ford a fait construire. Le musée préserve les paysages
d’une Amérique rurale, que son industrie a largement contribué à faire disparaitre.
Pendant que le président est chez Ford, la bourse à Wall Street commence à chuter de façon vertigineuse...
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2. |
Churchill
02:01
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Le 30 Octobre 1929, Winston Churchill est réveillé en sursaut dans sa chambre d’hôtel à Manhattan par le bruit du corps éclaté d’un homme qui vient de sauter du 15ème étage. Le milieu des finances est en proie à la panique. On raconte que les New-Yorkais doivent se frayer un passage entre la multitude de corps de businessmen qui se sont jetés du haut des tours de Wall Street. Les concierges des hôtels demandent aux nouveaux clients s’ils sont là pour dormir ou pour sauter.
Le mardi noir annonce une des pires crises économiques de l’histoire. Elle durera plus de dix ans, affectera le monde entier et transformera radicalement le visage et l’âme de l’Amérique. En quelques jours, les rues se rempliront d’épaves humaines promenant leurs regards sur le monde, essayant de comprendre ce qui était advenu de tant d’espoirs, tant de promesses et tant de rêves.
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3. |
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Ils disaient, on construit un rêve
Alors, j’ai suivi la consigne
Pour tourner la terre ou porter les armes
J’étais toujours aux premières lignes
Ils disaient, on construit un rêve
Et j’étais toujours partant
Pour travailler sur les chemins de fer
Et les gratte-ciels faits
D’espoir et de ciment
Ils disaient, on construit un rêve
Alors j’ai suivi le troupeau
J’ai fait rouler les trains
Alors pourquoi aujourd’hui
Dois-je attendre en ligne pour du pain ?
Ils disaient, on construit un rêve
Et j’étais toujours partant
J’ai construit les gratte-ciels
Mais c’est fini maintenant
Ami, aurais-tu une petite pièce ?
Once I built a railroad, made it run
Made it race against time
Once I built a railroad, now I’m done
Brother can you spare a dime ?
Once I built a tower to the sun
Brick and rivet and lime
Once I built a tower, now it's done
Brother can you spare a dime ?
Once in khaki suits
Gee, we looked swell
Full of that yankee doodle de dum
Half a million boots went slogging through hell
And I was the kid with the drum
Say don't you remember, you called me Al
It was Al all the time
Say don't you remember, I'm your pal
Brother can you spare a dime ?
Say don't you remember, I'm your pal
Brother can you spare a dime ?
Brother can you spare a dime ?
Brother can you spare a dime ?
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4. |
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Pendant des millénaires, l’herbe à bison ancrait profondément ses racines dans le sol des plaines, protégeant la terre des éléments. Mais en quelques décennies, les pionniers en ont arraché des milliers de kilomètres carrés pour faire de la terre cultivable. En 1930, après une période de grande sécheresse, les fermiers ont vu les vêtements bouger sur la corde à linge, ils ont senti la terre trembler sous leurs pieds et, à l’horizon, un nuage rouge et menaçant est apparu. Alors les fermiers se sont barricadés à l’intérieur, mais la poussière pénétrait tout : les portes, les fenêtres et les poumons. On dit qu’en quelques heures, des villes entières sont disparues ensevelies. Le ciel pouvait rester noir pendant des jours entiers. Le vent portait la poussière si loin qu’il a neigé de la neige rouge en Nouvelle-Angleterre.
On appelle ces tempêtes de sable les « dust storms ».
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5. |
Dust
03:21
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Dust
Dust
Dust...
Dust, dust, dust in the sky
Dust on the trail, dust in my eyes
Dust, dust, can't see the light
Can't find my way, the dust has won
Cattle and the sheep,
Bedded down to sleep
Seem to realize their fate
Vultures in the sky
Know the time is nigh
Will they fly away, away ?
Oh Lord, please ease my pain
Oh Lord, where is your rain and sunshine ?
Dust, dust, must I be ?
Can this be eternity ?
Oh Lord, have mercy on poor me
Ils sont des centaines de milliers à essayer de protéger leurs enfants contre la pneumonie mortelle des dust storms. Une grande partie d’entre eux va s’entasser dans des vieilles voitures, des charrettes tirées par des chevaux, sur la route 66, un des symboles les plus puissants de la conquête de l’Ouest, en route vers la Californie, à la poursuite du rêve américain. Mais, arrivés à l’Ouest, ils se retrouveront dans des camps de réfugiés, avec des milliers de gens comme eux qui crèvent de faim.
Cattle and the sheep
Bedded down to sleep
Seem to realize their fate
Vultures in the sky
Know the time is nigh
Will they fly away, away ?
Oh Lord, please ease my pain
Oh Lord, where is your rain and sunshine ?
Dust, dust, must I be ?
Can this be eternity ?
Oh Lord, have mercy on poor me !
Dust
Dust
Dust...
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6. |
Steinbeck
05:23
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La pluie tombait toujours
Monotone et régulière
Elle noyait les grandes routes
Car les rigoles étaient insuffisantes pour assumer l’écoulement
Alors des grappes d’hommes, trempés jusqu’aux os
Vêtus de loques dégoulinantes, leurs chaussures en bouillie
Sortirent des tentes et des granges surpeuplées
Barbotant dans les mares fangeuses
Ils gagnèrent les villes
Envahirent les boutiques, les bureaux de secours
Mendiant un peu de nourriture
Essuyant toutes les humiliations
Pour un morceau de pain
Essayant de voler, de mentir
Et bientôt une colère désespérée
Commença à couver
Sous les prières et les supplications
Et dans les petites villes
La pitié que les gens éprouvaient
À l’égard de ces affamés
Se mua en colère, et puis en crainte
Alors les shérifs assermentèrent
Des armées de nouveaux adjoints
Et se firent expédier en toute hâte
Fusils, grenades à gaz et munitions
Et la pluie tombait sans répit
Les rivières débordaient, inondant le pays
Sur le foin humide
Dans les granges où l’eau filtrait
Par les fentes des toits
Des femmes poitrinaires
Mettaient des enfants au monde
Des vieillards mouraient
Recroquevillés dans les coins
Et les coroners ne pouvaient plus
Redresser les cadavres
La pluie cessa
L’eau stagnait dans les champs
Reflétant le ciel gris
Puis elle s’écoula lentement
Et la terre s’emplit de murmures
Pas de travail
Avant le printemps
Pas de travail
Et si pas de travail
Pas d’argent
Pas de pain
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7. |
Dark As A Dungeon
05:18
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Écoutez-moi jeunes gens fougueux et fiers
Ne cherchez pas fortune dans ces trous sous la terre
Car la mine est un vice, elle s'infiltre en dedans
Jusqu'à ce que le charbon change la couleur de ton sang
J'ai connu beaucoup d'hommes ne se lever le matin
Que pour plonger dans la mine y creuser son destin
Comme le dopé a sa dope, le buveur sa robine
L'homme peut sombrer sous l'appel de la mine
Il fait noir comme une tombe, humide comme la rosée
Les bonheurs y sont rares et nombreux les dangers
Le soleil ne brille pas et jamais la pluie ne tombe
Il fait noir dans la mine comme au fond d'une tombe
Oh come all you young fellers so young and so fine
Seek not your fortune in a dark dreary mine
It'll form as a habit and seep in your soul
Till the stream of your blood runs as black as the coal
It's dark as a dungeon and damp as the dew
The danger is double and the pleasures are few
Where the rain never falls and the sun never shines
It's a dark as a dungeon way down in the mine
Well it's many a man that I've seen in my day
Who lived just to toil his whole life away
Like a fiend with his dope and a drunkard his wine
A man will have lust for the lure of the mine
It's dark as a dungeon and damp as the dew
The danger is double and the pleasures are few
Where the rain never falls and the sun never shines
It's a dark as a dungeon way down in the mine
And pray when I'm gone that the ages shall roll
That my body will blacken and turn into coal
Then I'll look from the door of my heavenly home
And pity the miner digging my bones
It's dark as a dungeon and damp as the dew
The danger is double and the pleasures are few
Where the rain never falls and the sun never shines
It's a dark as a dungeon way down in the mine
Where the rain never falls and the sun never shines
It's a dark as a dungeon way down in the mine
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8. |
Sixteen Tons
04:13
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Certains disent
Que l’homme est fait de boue
Mais je dis que l'homme
Est fait de muscles et de sang
De muscles et de sang
De la peau et des os
Un esprit fatigué
Mais un dos puissant
You load sixteen tons, what do you get
Another day older and deeper in debt
Saint Peter don't you call me 'cause I can't go
I owe my soul to the company store
I was born one mornin' when the sun didn't shine
I picked up my shovel and I walked to the mine
I loaded sixteen tons of number nine coal
And the straw boss said "Well, a-bless my soul"
You load sixteen tons, what do you get
Another day older and deeper in debt
Saint Peter don't you call me 'cause I can't go
I owe my soul to the company store
If you see me comin', better step aside
A lotta men didn't, a lotta men died
One fist of iron, the other of steel
If the right one don't a-get you
Then the left one will
You load sixteen tons, what do you get
Another day older and deeper in debt
Saint Peter don't you call me 'cause I can't go
I owe my soul to the company store
Tu creuses, tu creuses
Tu creuses mais pourquoi ?
Pour être plus vieux d’un jour
Et encore plus endetté
Saint-Pierre ne m’appelle pas
Mon âme n’est pas à toi
Mon âme appartient à la compagnie
You load sixteen tons, what do you get (x5)
I owe my soul to the company store
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9. |
Dix boîtes de Cornflakes
02:20
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Quand ma grand-mère m’emmenait au magasin Pick n’Save de Wauwatosa, Wisconsin, elle sortait sa collection de « coupons » et achetait dix boites de Cornflakes.
Je lui demandais : « Grandma, quand est-ce que tu vas manger dix boites de cornflakes ? » Et elle me répondait : « You didn’t live through the great depression, big boy. T’as pas vécu la crise, toi. » Et elle ramenait les dix boites de Cornflakes dans son garde-manger où il y avait déjà cinquante boites de thon et deux cent cannes de pickles.
Ma grand-mère me racontait que dans les années trente, sa mère à elle avait un petit magasin. Et elle donnait à manger aux vagabonds qui passaient par là.
On appelait ces vagabonds errants « les hobos ». Et ils avaient dû se passer le mot, les hobos, parce qu’il y en avait de plus en plus qui venaient frapper à la porte, gratter à la fenêtre. Si bien qu’un jour, il ne resta plus rien à manger.
Et au moment où ma grand-mère et sa mère se demandaient ce qu’elles allaient bien faire pour survivre, elles ont entendu quelque chose glisser dans la boite aux lettres. C’était une petite enveloppe, avec un billet de cinquante dollars, et un petit mot qui disait « merci ».
Et en bas du mot,
Il y avait une petite signature
Leon Ray Livingstone
A-No.1
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10. |
L'empereur du Nord
03:44
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Il s’appelait Leon Ray Livingstone
Mais il était mieux connu sous le nom de A-No.1
Le roi de ces voyageurs du rail
Qu’on appelait les hobos
Quand il arrivait dans une nouvelle ville
Il troquait ses vêtements de hobos
Pour un costume cravate
Et vendait des livres
Dans lesquels il racontait ses aventures
Leon Ray Livingstone
A-No.1
D’Est en Ouest, du Nord au Sud
De la conquête de l’Ouest à la Grande Crise
Il n’a jamais cessé d’errer
Même quand il est devenu riche et célèbre
Leon Ray Livingstone
A-No.1
On disait qu’il était l’empereur du Nord
C’est à dire l’empereur de tout et de rien
Empereur de tout
Empereur de rien
Empereur du vide, du silence et du froid
De ces espaces blancs comme une toile
Où on peut projeter ses rêves
Se dissoudre dans l’immensité
Contempler sa propre nature
Comme on contemple le fond d’un lac
Comme on contemple le fond d’un lac
Leon Ray Livingstone
A-No.1
Where you going ? Where you gonna run to ?
Where you going ? Where you gonna run to ?
Leon Ray Livingstone
A-No.1
Empereur de tout
Empereur de rien
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11. |
Un homme part à l'Ouest
02:15
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Un homme part à l’Ouest,
A la poursuite du rêve américain
Mais arrivé en Californie, il se rend compte
Que l’Ouest n’existe plus
Alors il grimpe sur un train
Pour retourner vers chez lui
Mais quelque part au milieu du vaste état du Texas
Un policier du rail le surprend et le met dehors
Alors sous le ciel étoilé
Au milieu de la nuit
L’homme se retrouve seul
Face
À sa vallée solitaire
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12. |
Wolf Chief
01:41
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En 1901, Wolf Chief, le chef du peuple des Hidatsa, dans un état de désespoir profond, vendit à un anthropologue new-yorkais une relique sacrée qui avait été transmise de génération en génération par les chefs de sa tribu.
La relique sacrée s’est retrouvée au Museum of the American Indian, à New-York. Et c’est à partir de ce moment que la sècheresse s’est installée
Pendant des décennies, les Hidatsa ont demandé qu’on leur rende leur objet sacré, ce qui fut finalement fait en 1938.
Quelques jours plus tard il a commencé à pleuvoir
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13. |
Le temps
04:40
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Le temps n’est que la rivière où je m’en vais pêcher. Je bois son eau et, tout en buvant, je vois le fond sablonneux et remarque comme il est peu profond.
Son faible courant entraîne toutes choses, mais l’éternité demeure. J’aimerais boire plus profond ; pêcher dans le ciel, dont le fond caillouteux est semé d’étoiles.
Je ne connais pas la première lettre de l’alphabet. Je ne peux compter jusqu’à un.
J’ai toujours regretté de ne pas être aussi sage
Que le jour de ma naissance.
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14. |
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Imaginez-vous dans une petite ville, perdue quelque part au cœur de l’Amérique. Toujours le même horizon, toujours la même promesse d’un avenir tracé d’avance. Et quelques fois par semaine passe le train. Et à l’arrière du train, vous voyez toute une population de hobos
qui sillonnent le pays.
Et puis un jour, arrive un train qui roule plus lentement que les autres. Une ouverture apparait dans le cœur d’un wagon alors, vous grimpez, et en quelques instants vous avez dépassé la ligne d’horizon au-delà de laquelle vous n’aviez jamais osé vous aventurer.
Puis vient la nuit, et le jour. Une autre nuit, un autre jour. Le temps passe. Et un jour vous contemplez le chemin parcouru et l’envie vous prend de retourner en arrière. Mais vous vous rendez compte que c’est impossible. Pendant que vous fuyiez votre passé, votre passé, lui, s’éloignait de vous.
On ne revient jamais sur ses pas, jamais, personne.
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15. |
500 Miles
02:47
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If you miss the train I'm on, you will know that I am gone
You can hear the whistle blow a hundred miles
Lord I'm one, Lord I'm two, Lord I'm three, Lord I'm four
Lord I'm 500 miles from my home
Not a shirt on my back, not a penny to my name
Lord I can't ever go back this way again
This a-way, this a-way, this a-way, this a-way
Lord I can't ever go back this way again
Et j'entends siffler le train
Et j'entends siffler le train
Et j'entends siffler le train
Et j'entends siffler le train
J'entendrai siffler ce train toute ma vie
J'entendrai siffler ce train toute ma vie
Lord I'm 500 miles from my home
500 miles from my home
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Thomas Hellman Montreal, Québec
Thomas Hellman est un auteur-compositeur-interprète québécois, né d’un père américain et d’une mère française. Il raconte l’histoire américaine à travers des chansons tirées du répertoire blues, folk, et gospel de l’époque. Il met aussi en musique des écrits littéraires (Frank H. Mayer, John Steinbeck, H.D Thoreau…), et ses propres textes et chansons. ... more
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